Mai 1962. Les kiosques à journaux affichent la photo saisissante d’un loup-garou aux prises avec une voluptueuse jeune femme. En lettres noires et rouge sang brille pour la première fois un nom appelé à la postérité : Midi-Minuit Fantastique. Tout au long des Sixties, ces trois mots magiques résonnent comme la plus intense des promesses…
Fondée par Michel Caen, Alain Le Bris, Jean-Claude Romer et Jean Boullet, éditée par Éric Losfeld, la toute première revue européenne consacrée au cinéma de genre ne se contente pas de défricher un domaine alors méconnu et méprisé. En dix ans d’existence et vingt-quatre numéros publiés, Midi-Minuit Fantastique s’impose comme une publication à la fois ludique et exigeante, foisonnante et avant-gardiste. En un mot : culte. Sa rédaction fédère de brillants spécialistes : Francis Lacassin, Yves Boisset, Bertrand Tavernier, Tony Faivre… De prestigieuses plumes d’horizons divers s’invitent ponctuellement dans ses colonnes : Eugène Ionesco, Roland Topor, Félix Labisse, André Pieyre de Mandiargues, Vincent Price… Le ton est libertaire, les racines populaires, l’inspiration surréaliste. L’iconographie de sexe et de sang, éminemment évocatrice. Un seul credo : le fantastique est l’autre nom de l’érotisme.
Midi-Minuit Fantastique saisit en temps réel un âge d’or du septième art et accouche d’une subversive « politique des horreurs ». La Hammer, le gothique italien, l’épouvante américaine sont à l’honneur. Frankenstein et Dracula deviennent les héros noirs d’une contre-culture qui annonce mai 1968 et la libération sexuelle. Cinéma bis, cinéma d’auteur, underground, littérature et BD s’entremêlent dans un enthousiasmant maelström pop…Des entretiens majeurs sont publiés : Christopher Lee, Barbara Steele, Terence Fisher, Roger Corman, Michael Powell, Riccardo Freda, Roman Polanski, Stanley Kubrick, Jacques Tourneur, Edgar G. Ulmer…
Cette intégrale Midi-Minuit Fantastique, dirigée par Michel Caen et Nicolas Stanzick (Dans les griffes de la Hammer), est enrichie de DVD, photos et textes inédits. Manière de fêter comme il se doit le 50e anniversaire de l’une des plus grandes revues françaises de cinéma des années 1960, devenue depuis littéralement mythique.